Les photographies de Virginie Marnat-Leempoels (née en 1970 à Nancy, vit et travaille à Dijon), déclinées en séries, reprennent des genres classiques (portrait, pleureuses, scènes champêtre, scènes d'intérieur...) ou reproduisent des clichés issus de séries télévisées ou du cinéma. Faussement documentaires, ces séries se développent à partir de fictions très contruites qui constituent autant de stratégies pour traquer des invariants comportementaux et interroger leurs déterminations sociales.
En introduisant des distortions, des décalages entre l'image et son propos, créés par l'apparence des personnages et par les énoncés et les déclarations qui servent de titres aux séries (Toutes mes copines sont des putes, le triptyque constitué de vues, en gros plan, d'une vache éventrée, intitulé Il était une fois), Virginie Marnat-Leempoels propose un inventaire typologique inquiétant des représentations de l'homme, et plus particulièrement de la femme (les petites filles, les prétendantes, les riches américaines, les mariées, etc.), de ses institutions et de son environnement.
Un travail qui interroge nécessairement aussi le statut de la photographie contemporaine, à la recherche d'une troisième voie entre documentaire et « photographie plasticienne », dans le contexte des bouleversements des codes esthétiques de la représentation et de la banalisation de l'image induits par les nouveaux outils et les nouvelles pratiques de production et d'échange.