La version définitive de l'enregistrement historique, remasterisé par
Jim O'Rourke, d'une pièce majeure du minimalisme américain, interprétée en 1974 par l'Ensemble S.E.M., le seul enregistrement connu de la pièce à avoir été réalisé du vivant d'Eastman, avec lui-même au piano,
disponible en vinyle pour la première fois, dans une luxueuse pochette avec des notes de
Mary Jane Leach et des photos d'archives.
En 2016, Frozen Reeds a publié la première version de
Femenine de Julius Eastman, pour ensemble de chambre. Restée inédite pendant des décennies, l'œuvre a été enregistrée en 1974 par l'Ensemble S.E.M., avec le compositeur lui-même au piano.
La pièce, enregistrée en direct par Steve Cellum (coproducteur du
World of Echo d'Arthur Russell),
est aujourd'hui disponible en vinyle pour la première fois, dans une version remasterisée par Jim O'Rourke à partir du transfert original de la bande (marquée par une certaine distortion) en haute définition dans son studio Steamroom dans les montagnes japonaises.
La première sortie de
Femenine a été le catalyseur qui a introduit la musique d'Eastman auprès du grand public. Des articles sur la musique d'Eastman et son impact sur le canon classique ont commencé à paraître dans le monde entier, et sa musique à être programmée dans les grands concerts et festivals. De nouveaux enregistrements ont vu le jour grâce à une nouvelle génération de musiciens qui se sont intéressés à ses idées et les ont interprétées pour un public moderne demandeur.
Le caractère brut et émotionnel de l'interprétation originale continue d'inspirer les auditeurs. Joyeuse, impérieuse et immersive,
Femenine baigne l'auditeur dans des couleurs tonales provenant des vents, du piano, du violon, des percussions, du synthétiseur et, fait unique, des cloches de traîneau mécanisées inventées par le compositeur lui-même, qui donnent à cette pièce de 72 minutes sa pulsation caractéristique.
Le disque inclut des notes éclairantes de la compositrice et autrice Mary Jane Leach, figure clé du renouveau d'Eastman et co-éditrice du recueil de textes
Gay Guerrilla sur sa vie et sa musique.
Enregistré en concert le 6 novembre 1974 au Composers Forum, The Arts Center, Academy of the Holy Names, Albany, New York.
Julius Eastman (né en 1940 à New York) est un compositeur, pianiste, chanteur, acteur et danseur américain associé au courant minimaliste. Il est l'un des premiers à avoir associé des éléments de musique pop à la musique minimaliste, dans des pièces qui reflètent ses engagements radicaux contre le racisme et l'homophobie, entre musique contemporaine répétitive et disco naissante.
L'un des rares Afro-Américains à être reconnus sur la scène musicale d'avant-garde de New York des années 1970 et 80, à la fois proche et distant de l'
École de New York de
John Cage (Cage ne lui ayant pas pardonné une interprétation de ses « Song Books »),
Christian Wolff et
Morton Feldman,
Julius Eastman est resté un personnage solitaire et énigmatique. Politiquement engagé et provocateur (en témoignent les titres de ses œuvres comme
Evil Nigger ou
Gay Guerrilla), figure de la culture queer, Julius Eastman est un poète solaire et solitaire dont la mélancolie a marqué son œuvre autant que son destin tragique.
Jusqu'en 1981, Julius Eastman se retrouve au cœur de la vie artistique foisonnante de l'Université de Buffalo puis de Manhattan, qui le voit notamment jouer avec Meredith Monk et Arthur Russell ou voyager vers l'Europe pour une tournée en solo (voix / piano). Il fait alors partie d'une génération de musiciens qui décloisonnent peu à peu les styles de musiques tout en digérant en direct tout ce qui se créé alors, de Earth Wind and Fire à
La Monte Young.
Pendant l'hiver 1981-82 il se fait expulser de son appartement par la police, qui au passage détruit la plupart de ce qu'il possède, dont partitions et enregistrements. Il ne fait pas grand chose pour retrouver ces documents, voyant dans cet événement un signe supplémentaire pour se rapprocher d'une sorte d'ascétisme à laquelle il tend chaque jour un peu plus, le faisant abandonner progressivement la vie musicale new-yorkaise. Il se retrouve à la rue, vivant notamment dans le parc de Tompkins Square, dans l'East Village. Il meurt neuf ans plus tard, en 1990 à l'âge de 49 ans, seul, à l'hôpital de Buffalo, sans que personne ne s'en aperçoive pendant presque une année.
Artiste « oublié » (aucune de ses œuvres enregistrées n'était sortie de son vivant et bon nombre de ses partitions ont été perdues), il n'a été redécouvert que depuis les années 2000, notamment grâce au travail de recherche qu'a initié la compositrice
Mary Jane Leach.
