Objections – Forms of Abstraction, Volume 1

Ce qu'Alfred Sohn-Rethel a appelé l'« abstraction réelle » de la forme-valeur façonne le monde, en conjonction avec les abstractions réelles du droit et de la technoscience. L'intégration de plus en plus étroite de ces formes d'abstraction réelle produit notre régime actuel d'abstraction concrète, et elle détermine à la fois les humains et les non-humains, les personnes et les choses, les sujets et les objets. Alors que la théorie récente a souvent cherché à se débarrasser de la distinction entre objet et sujet, le régime actuel de l'abstraction concrète – marqué par l'intégration de plus en plus étroite des différents vecteurs de l'abstraction réelle – témoigne d'une multiplication de moments d'objectivation et de subjectivation. Un artiste se voit objectivé sous la forme d'un graphique de carrière en baisse ; la forme-valeur d'une œuvre d'art se révèle capable de caprices qui dépassent les pires rêves de Marx ; une personne physique peut découvrir que ses droits comptent beaucoup moins que ceux de certaines personnes morales.
Le premier volume, Objections, s'inspire de la racine latine du mot objet, obiectum, qui désigne quelque chose que l'on place devant le sujet, quelque chose que l'on jette devant soi. Ce sens de l'objet comme obstacle ou obstruction, et de l'œuvre d'art comme objection esthétique et politique, est développé dans ce volume. Objections observe des artistes s'engager dans la matérialité et la valeur, dans les particules subatomiques et les radiations, ainsi que dans l'objectivation des organismes humains et non humains. En cours de route, nous rencontrons des objets théoriques tels que le fétiche, le plâtre, la bactérie brevetée, le conteneur radioactif enterré et l'œuvre d'art contemporaine elle-même. L'art contemporain est analysé ici comme un ensemble de pratiques esthétiques tournant autour d'objets problématiques et douteux qui peuvent agir comme des objections productives.