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les presses du réel
Jérôme Noetinger - dR (CD)
Le premier album solo de Jérôme Noetinger (magnétophone Revox B77, micros, radios, objets, synthétiseur analogique Korg MS20, cadre à piano) : un panorama de sa pratique sur le magnétophone à bandes.
« Toutes les pièces de ce CD ont été réalisées sur un ou deux Revox B77 et enregistrées directement sur disque dur. Elles représentent un panorama de ma pratique sur ce dispositif (magnétophone à bandes, micro contact, radio, petit électronique, micro voix, micro pick up, objets...). J'ai découvert le magnétophone à bande en 1983 et commencé à travailler avec en 1986 en arrivant à Grenoble dans les studios du COREAM (école de musique de Fontaine). Utilisé au début principalement comme un lecteur pour reproduire des manipulations préalablement fixées, le magnétophone est devenu mon instrument.
Je l'utilise avec des boucles pour jouer avec les répétitions, delay et accumulations. Ou avec des bobines et en retirant le galet presseur pour controler la vitesse manuellement. La bande magnétique – surface d'inscription d'un sonore en train de se faire – est un support malléable où crayonnés, scratches et aimantations excitent la polarisation de particules magnétiques. Les possibilités de la réinjection, comme enregistrer le canal gauche à droite et en même temps l'inverse tout en controlant la vitesse, transforme ce magnétophone en un générateur de sons. »
Jérôme Noetinger

« Fondateur et acteurs au sein de labels, de catalogue de distribution, d'ensembles électroacoustique ou multi-disciplinaire, Jérôme Noetinger a un parcours musical et artistique trop vaste pour en parler ici. Mais ces dernières années, ses activités bénévoles se réduisent petit à petit avec notamment la fin de son activité au sein de Revue & Corrigée et la vente du catalogue de distribution Metamkine. Est-ce que ça a un rapport, mais cette diminution de ses activités correspond avec la parution de son premier solo. Car aussi étonnant que cela puisse paraître, après toutes ces collaborations avec des musiciens aussi variés que Keith Rowe, Lionel Marchetti, John Tilbury, Sec_, Will Guthrie, Anthony Pateras, Voice Crack ou Soixante Etages, après une vingtaine d'années de publications, on n'avait pas encore vu un seul solo de Noetinger, musicien hors-pair qui a fait de l'exploration sonore (et surtout électroacoustique) un art à part entière, notamment à travers l'utilisation du Revox.
Mais avec cette nouvelle année nous parvient enfin un album solo de ce dernier. Le travail de Noetinger ne m'est pas étranger, et son album ne nous réserve pas tant de surprise quand on connaît un peu ses productions ou ses lives. Mais c'est quand même avec un grand bonheur qu'on peut enfin l'entendre dans un cadre disons plus intime, plus personnel. Jingles, chansons populaires, discours radiophoniques, publicités, objets détournés, et synthés analogiques sont bouclés, travaillés et entremêlés aux bandes magnétiques du Revox. Peu importe la source, seul compte le résultat en fait. Et le résultat est une exploration du son sous toutes ses coutures : qu'il soit faible, fort, aigu, musical, bruitiste, simple, complexe, propre, dégradé, l'univers sonore de Noetinger ne connaît aucune limite et tout peut s'intégrer dans les structures éclatées de ses compositions.
Car il ne s'agit pas que de manipulations et d'explorations du son, ce qui importe c'est aussi de construire quelque chose de cohérent avec cette "matière". C'est peut-être là que Noetinger excelle et c'est dans ce contexte (en solo donc) qu'on peut l'apprécier à sa juste valeur. Les dynamiques et les intensités sont au cœur de cette musique, et ces dernières se travaillent soit à partir du son lui-même, soit à travers la composition (et peu importe à vrai dire qu'elle soit improvisée ou non ici). Les structures ressemblent ici à un gigantesque jeu de montage et découpage parfois brutal, parfois plus souple. Un jeu où se jouent les dynamiques sonores, où chaque son prend toute sa forme et son sens. Les "matériaux" sonores utilisés semblent illimités, mais ils se fondent néanmoins dans un tout cohérent, dans une forme de narration personnelle et intime où le son se raconte lui-même. Ce qui fait la force de ces montages et découpages, de ces structures qui paraissent éclatées, ce ne sont pas leur forme, mais le sens et la puissance qu'elles donnent au son.
A l'heure qu'il est, si Jérôme Noetinger décide de consacrer plus de temps à son activité musicale qu'à ses nombreuses activités bénévoles, et quand bien même ces dernières comptent énormément pour la diffusion des musiques expérimentales, ce disque ne peut que laisser accepter ces nouvelles avec joie. Car oui, j'aimerais entendre beaucoup plus de productions de ce dernier, en solo ou non, mais voilà le genre de disque qui laisse espérer que ce musicien n'arrêtera jamais ses recherches musicales. Un artiste sans limite qui possède une personnalité artistique si forte, qui propose une musique aussi bien construite que n'importe quelle musique savante (même mieux souvent au regard des musiques dites "contemporaines") et aussi puissante que le meilleur groupe de grind, on n'en veut toujours plus forcément. »
Julien Heraud, improv-sphere.blogspot.com
Jérôme Noetinger (né en 1966 à Marseille) est un compositeur, improvisateur et artiste sonore qui travaille avec des éléments électroacoustiques tels que le magnétophone ReVox B77, des synthétiseurs analogiques, des tables de mixage, des haut-parleurs, des microphones, divers objets électroniques de la vie quotidienne et des dispositifs électroniques artisanaux.
Au cours de sa longue carrière d'expérimentateur sonore, il a collaboré et joué avec de nombreux artistes, dont Sophie Agnel, Angelica Castello, Antoine Chessex, Tom Cora, Michel Doneda, eRikm, Giuseppe Ielasi, Lê Quan Ninh, Lionel Marchetti, MIMEO, Anthony Pateras, Anne-Laure Pigache, Aude Romary, Keith Rowe, Mathieu Werchowski ainsi que des ensembles tels que Cellule d'Intervention Metamkine, Le Un, Hrundi Bakshi, Les Sirènes et Proton.
De 1987 à 2018, Jérôme Noetinger a dirigé Metamkine, une organisation à but non lucratif dédiée à la diffusion de la musique improvisée et électroacoustique. Jusqu'en 2014, il a régulièrement contribué à Revue & Corrigée, qu'il a cofondée en 1989. Il a également été membre et coordinateur de la programmation d'expositions, de concerts et de cinéma expérimental au 102 rue d'Alembert à Grenoble de 1989 à 1999.

Voir aussi Thymolphthalein (Natasha Anderson, Will Guthrie, Jérôme Noetinger, Anthony Pateras & Clayton Thomas).
Mastering : Giuseppe Ielasi.
 
paru en 2018
 
8.00
 
en stock
dR (CD)
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