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Première monographie de Donatella Bernardi, dont la pratique artistique est indissociable des activités de commissaire d'exposition, d'organisatrice de festivals et d'enseignante qu'elle exerce de Rome à Stockholm en passant par Ramallah, avec un essai de Jacqueline Burckhardt.
Jacqueline Burckhardt et Donatella Bernardi ont en commun un goût pour l'italianité, une résidence à l'Institut suisse de Rome et l'expérience de Stockholm. Jacqueline a vécu enfant dans la capitale scandinave en tant que fille de diplomate. Donatella y habite actuellement pour y exercer sa fonction de professeure au Royal Institute of Art. Devant intégrer un modèle d'enseignement basé sur la pratique en atelier et une relation de maître à disciple, l'artiste préfère embarquer ses élèves dans la production de travaux et d'expériences communes inédites, au sein de l'école et lors de voyages, plutôt que de parler de sa propre pratique artistique comme un exemple à suivre. « Les arts de produire diffèrent au contraire des arts de connaître en ce que la connaissance des méthodes ou procédés opératoires ne suffit pas à permettre de les appliquer. Les raisons en sont multiples, mais la principale est que, dans l'ordre du faire, savoir est pouvoir » (Etienne Gilson). L'intérieur de la couverture de cette publication ainsi que ses rabats (où est reproduit le présent texte) constituent une exception aux méthodes pédagogiques de l'artiste. Cette dernière confie à l'un de ses étudiants, Fredrik Fermelin, l'intégralité du matériel iconographique de la publication. Fredrik choisit de concevoir des motifs, telles des visions synthétiques surgissant des images et de l'essai rédigé par Jacqueline, dont il estime particulièrement le dernier paragraphe.
La couverture du livre est la matérialisation d'une discussion entre Jacqueline Burckhardt, historienne de l'art, et Donatella Bernardi, artiste, lors de l'avènement de l'ouvrage. Donatella évoquait la mise en page d'un triomphe dans le livre Hypnerotomachia Poliphili (1467), où les chars victorieux et fantastiques qui défilent lient virtuellement les pages. Jacqueline mentionna la gravure d'Albert Dürer Triumphzug Kaiser Maximilian I (1526). Le mouvement y est signifié par des volutes qui deviennent des formes graphiques autonomes. Elles sont parfois accompagnées de mots, tels que « courage », « dextérité » et « expérience ». D'après Erwin Panofsky, Dürer est artiste précisément parce qu'il est théoricien de l'art. « Il n'est d'art complet et achevé que celui qui intègre la réflexion sur la pratique » (Jean Molino dans son introduction à Idea, 1989). Les lignes noires imprimées sur le blanc forment des caractères typographiques, des visages et l'un des rubans de Dürer.
Jacqueline Burckhardt a grandi à Prague, Oslo, Stockholm, Rome et Berne. Elle s'est formée à la restauration de 1968 à 1972 à l'Istituto Centrale del Restauro de Rome. De 1971 à 1973, elle a été membre de l'Institut suisse de Rome et, durant les années 70, a participé à des campagnes de restauration en Irlande, Espagne, Roumanie, Turquie et à Venise. En 1978, elle a complété sa formation en histoire de l'art et archéologie à l'Université de Zurich et a publié sa dissertation en 1992 : Giulio Romano, metteur en scène d'une antiquité revitalisée. Cofondatrice en 1984 du magazine d'art Parkett, elle en est depuis l'une des rédactrices. En Suisse, de 1999 à 2007, elle a présidé la Commission fédérale des beaux-arts et a été, de 2004 à 2008, professeure à l'Accademia di Architettura de Mendrisio. Depuis 2006, elle est curatrice du site specific art, établi sur le Novartis Campus à Bâle et est, depuis 2008, directrice de la Sommerakademie im Zentrum Paul Klee à Berne.
Le travail de artiste suisse d'origine italienne Donatella Bernardi (née en 1976 à Genève, vit et travaille à Stockholm) prend principalement la forme d'installations éphémères, de performances et de publications. Elle adapte les médias et les formats qu'elle utilise au gré des thèmes et des lieux. Elle n'a produit que peu d'œuvres que l'on puisse acheter ou posséder. Elle organise des festivals (le festival nomade « Eternal Tour » initié à Rome en 2008 et organisé dans différents pays sur divers continents, toujours en coopération avec des intervenants locaux), assure le commissariat d'expositions et tourne des films. Depuis 2010, elle enseigne au Royal Institute of Art à Stockholm. Toutes ses activités font partie inhérente de sa pratique artistique,
l'art et le regard critique de l'artiste constituant la clé des recherches de Donatella Bernardi dans les domaines de la culture populaire, du féminisme, de l'anthropologie, de l'histoire, du colonialisme, de la migration, de la taxonomie, de la religion ou de la piraterie.