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Reliquaire pour un culte de Vénus

Jean-Jacques Lebel - Reliquaire pour un culte de Vénus
L'hommage à Vénus de Jean-Jacques Lebel.
Installation évolutive, Reliquaire pour un culte de Vénus est composée de plus de mille images et d'objets ayant trait à Vénus, ramassés par l'artiste dans des « foires à tout » en France et ailleurs. Ils reflètent les différents types de culte voués à Vénus, de l'icône la plus « noble » au kitsch le plus « vulgaire ». Ce travail in situ change de forme et de contenu à chaque nouvelle présentation.

« Je prends Vénus au sens classique du mot : la déesse de l'Amour, de la séduction, de la féminité dans le registre de la plasticité et de la sociologie des signes. Ce grand mélange d'objets trouvés, d'images ramassées et de peintures, collage, dessins, fabriqués par moi n'est chaotique qu'en apparence : il a une logique, une trame et parfois même une forme toujours changeante. Différents systèmes de vénération sont tressés les uns dans les autres. Il s'agit d'un projet ou d'un rêve nietzschéen : un tableau bariolé de tout ce qui a été su, concernant la déesse aux mille visages et aux innombrables corps. D'où le titre, Reliquaire pour un Culte de Vénus. »
Jean-Jacques Lebel
Publié à l'occasion des expositions éponymes au Frac Basse-Normandie (Caen), au Casino Luxembourg, au crédac (Ivry-sur-Seine) et à la Villa Tamaris (la-Seyne-sur-Mer) en 2001-2002.
Figure emblématique d'une génération d'artistes qui a contribué à la « révolution culturelle » dans les années 1960, l'un des principaux « passeurs » de la Beat Generation en France, Jean-Jacques Lebel (né en 1936, vit et travaille à Paris) s'est toujours attaché à concilier démarches artistiques et philosophie de vie. Exclu du mouvement surréaliste avec Alain Jouffroy en 1960, l'ensemble de son parcours notamment plastique se revendique et se marque néanmoins de la pensée de André Breton, du travail de dadaïstes tel que Max Ernst, et de l'esprit de Marcel Duchamp.
À ce contexte se greffe également un entourage d'ordre plus philosophique au travers de rencontres dans ces mêmes années avec Gilles Deleuze, Félix Guattari... Le chemin de Jean-Jacques Lebel croise alors des personnalités artistiques aux activités hétérogènes mais tous enclin à mettre en avant « l'action poétique comme activateur des contradictions de notre société industrielle ». Des rencontres qui conjuguent ainsi poésie, peinture, théâtre, engagement politique dans une série de happenings ou de performances dont Lebel est le premier organisateur en Europe, reprenant par là-même les idées avancées et mises en place par Allan Kaprow à New York. Le happening se veut alors comme un prolongement de l'Action Painting en dehors de la surface plane du tableau, investissant divers espaces et rejoignant les théories d'Antonin Artaud sur le théâtre. Dans cet esprit et en réaction au climat politique de l'époque, Lebel co-organise avec Alain Jouffroy l'Anti-Procès en 1960, réunissant des artistes aussi différents que Brauner, Matta, Dufour, Rauschenberg, Tinguely, Michaux, Fontana, Erró, Fahlström et Lam... dans un mixage de théâtre total, happening, exposition et permettant à chacun d'eux de jouir de « l'absolu liberté de faire ce qu'il voulait » et de devoir « simplement affirmer avec les autres son opposition à la guerre d'Algérie ». 
En 1961, il prend l'initiative du Grand Tableau Antifasciste collectif, sequestré par la Questura de Milan pendant 23 ans. Dans la continuité de l'Anti-Procès, il met en place à partir de 1964 le Festival de la Libre Expression et à partir de 1979 le Festival International de Poésie Directe Polyphonix, mêlant arts plastiques, vidéo, musique, performance, poésie... On retient en 1965 le happening Dechirex de Lebel lors du deuxième Festival de la Libre Expression qui s'est articulé sur le refus de la suprématie de la voiture dans l'espace social : une 4 CV Renault était présente comme « personnage » dans cette manifestation. A la fin du happening, le public s'y est violemment attaqué, la réduisant à presque rien. Le lendemain, l'artiste Ben est entré les yeux bandés dans la foule agitant une hache de pompier. À l'idée de cette violence, Jean-Jacques Lebel répond : « la violence toute relative de nos soirées contenait toujours de l'ironie, mais il est vrai que le sens de l'humour des uns peut violer la sensibilté des autres ».
Si les activités artistiques de Jean-Jacques Lebel sont reconnues depuis les années 1960 à nos jours dans le champ de la performance, il n'en demeure pas moins un artiste plasticien revenu « d'exil » dans le monde de l'art et de l'exposition en 1988. Il s'en était retiré 20 ans plus tôt afin de ne pas devenir un artiste domestiqué. Ecriture, collage, peinture, sculpture, installation, action directe sont associés dans les œuvres de Lebel à la sexualité, à la vie quotidienne, politique et philosophique avec pour fil conducteur de dadaïser la société (Portrait de Nietzsche, 1961 ; Portrait de Rauschenberg, 1961 ; Monument à Félix Guattari, 1995).
Jean-Jacques Lebel est le fils de Robert Lebel.
Texte de Didier Semin.
 
paru en 2001
édition bilingue (français / anglais)
22 x 28 cm (broché, sous jaquette papier transparent)
48 pages (ill. coul.)
 
10.00 5.00
(offre spéciale)
 
ISBN : 978-2-914836-00-5
EAN : 9782914836005
 
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