La première traduction française d'un ouvrage pionnier de l'histoire
féministe de l'art, une recherche salutaire qui ne propose pas seulement d'ajouter des noms féminins au canon artistique mais de changer en profondeur l'écriture de l'histoire de l'art.
Publié en 1981,
Maîtresses d'autrefois, ouvrage fondateur de Rozsika Parker et Griselda Pollock, ne propose pas une histoire de l'art au féminin. Son projet est bien plus radical, émancipateur et, de fait, toujours pertinent aujourd'hui. Il s'intéresse tout autant à ce que l'histoire de l'art, en tant que discipline et idéologie, a fait et fait encore aux
artistes femmes et à leurs œuvres qu'à ce que leurs pratiques font ou pourraient faire à l'histoire de l'art, si elles étaient pleinement étudiées et considérées.
Les cinq parties du livre associent études de cas approfondies – de Sofonisba Anguissola et Berthe Morisot à Meret Oppenheim et Mary Kelly –, analyses des structures de la production artistique, tels l'opposition idéologique entre art et artisanat ou les stéréotypes assignés à « l'essence féminine », et développements vigoureux sur la manière orientée dont la discipline « histoire de l'art » s'est forgée, socialement et symboliquement. Les autrices offrent ainsi une recherche salutaire à toutes celles et tous ceux qui, avec elles, ne veulent pas seulement ajouter des noms féminins à l'histoire de l'art mais en modifier en profondeur l'écriture. Traduit pour la première fois en français, l'ouvrage est introduit par l'historienne de l'art
Giovanna Zapperi et bénéficie d'une préface récente de Griselda Pollock, ancrant résolument
Maîtresses d'autrefois dans le présent.
« L'effacement des femmes de l'histoire de l'art n'est pas l'héritage de préjugés séculaires ; c'est le produit de la manière dont l'histoire de l'art moderniste et le musée moderne du XXe siècle ont construit un récit au sujet de leurs propres contemporain·e·s. »
« Quarante-quatre ans après sa publication en langue anglaise,
Maîtresses d'autrefois n'a (malheureusement) pas perdu de sa pertinence dans son invitation à renouveler l'écriture de l'histoire de l'art. Il s'agit bien ici d'une historiographie de la discipline appelant à un réexamen profond de la catégorie "art" et de ses processus insidieux de légitimation à travers le temps. »
Camille Richert,
Critique d'art
Cet ouvrage est le neuvième dans la collection « Lectures maison rouge », dirigée par Patricia Falguières et coéditée avec la Fondation Antoine de Galbert, qui publie des textes interrogeant la muséographie, l'écriture de l'exposition et de l'histoire de l'art.
Rozsika Parker (1945-2010) est une historienne de l'art, écrivaine, psychothérapeute et féministe britannique. Elle est l'autrice de l'ouvrage influent The Subversive Stitch: Embroidery and the Making of the Feminine (1984).
Griselda Pollock (née en 1949 en Afrique du Sud), historienne de l'art et curatrice féministe, critique d'art et de culture moderne et contemporaine, spécialiste de la théorie psychanalytique française, de l'avant-garde et de Van Gogh, est Professeure émérite à la chaire des Social and Critical Histories of Art à l'université de Leeds, où elle a également créé et dirige depuis 2001 le Centre for Cultural Analysis, Theory and History. En 2020, elle est lauréate du prix Holberg, en 2023 du prix Lifetime Achievement Award for Writing on Art décerné par le College Art Association of America de New York, et en 2024 du prix mondial Nessim-Habif de l'université de Genève.