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Conçue comme une monographie augmentée, le sixième numéro de la revue d'art et de recherche « rétro-prospective » fait un pas de côté dans la culture populaire en empruntant les initiales de Jean-Christophe Averty, dont les productions télévisuelles dans les années 1960 et 1970 en font aujourd'hui un précurseur de l'art vidéo en France,
et donne la parole à des artistes et théoriciens d'aujourd'hui qui sont allés débusquer dans notre société contemporaine les signes d'un bégaiement avertyen.
« Un homme averty en vaut deux ». Jamais avare d'un bon mot, celui qui révolutionna la télévision française dans les années 1960 et 1970 est aujourd'hui au cœur du dispositif de la revue Initiales. Avec ce sixième numéro, Initiales JCA (Jean-Christophe Averty) fait un pas de côté dans la culture populaire et dresse, par la bande, le portrait d'un homme averti qui revisita la littérature d'avant-garde dans ses nombreuses et géniales adaptations de Jarry, Roussel ou Tzara, à mi-chemin entre le cinéma et le théâtre ; déringardisa la variété, mis les pieds dans le plat d'une France gaulliste et timorée, et fut pionnier en matière de trucages et autres illusions technologiques, qui inspirèrent dans la foulée nombre d'artistes contemporains adeptes des fonds d'incrustation et autres montages visuels.
Conçu comme une monographie augmentée, ce numéro s'attache à décrypter les ressorts à l'œuvre dans les « mises en page » télévisuelles d'un Averty tantôt éditeur (de la modernité), trublion (politique, quand il fit équipe avec la bande d'Hara-Kiri) ou typographe (érudit, qui fit de ses prologues et génériques des manifestes en soi). Il donne aussi la parole à des artistes et théoriciens d'aujourd'hui qui sont allés débusquer dans le collage numérique, le mauvais esprit du Net et les citations érudites d'une modernité qui n'en finit plus de se retourner sur elle-même, les signes d'un bégaiement avertyen dans notre société contemporaine.
Deux fois par an, Initiales, revue produite et éditée par l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) de Lyon, esquisse les contours d'une galerie de « portraits en creux » en s'organisant autour de « figures-source », existantes ou fictives. Des figures d'artistes, philosophes, écrivains, architectes ou cinéastes dont le dénominateur commun est qu'elles ont « fait école » dans leur discipline et au-delà, dans les champs qu'elles ont investis ou traversés. L'œuvre, la pensée mais plus encore les méthodes déployées, les pistes explorées (et parfois avortées) ou les réseaux créés par cette figure de référence servent de sous-texte ou de script à chacune des livraisons.
Réunissant, à partir d'une même figure, une série de contributions centrifuges, Initiales met ainsi en jeu un usage de la source et une expérience du temps qui ne sont ni ceux de l'historien ni ceux du scientifique, mais qui sont à l'œuvre dans le travail de l'art et qui sont au cœur de la réflexion menée depuis 2004 par le groupe de recherche ACTH (Art contemporain et temps de l'histoire) de l'ENSBA Lyon.
Revue de recherche et de création, Initiales fait le pari qu'une école d'art est aujourd'hui l'un des lieux les plus aptes à produire et organiser des formes et des pensées nouvelles, susceptibles de venir nourrir le débat et élargir le champ de l'art et de la pensée. A cet égard, c'est une revue d'école, mais dans l'exacte mesure où l'école est un lieu de passage, de rencontre et de collaboration avec de multiples acteurs qui lui sont aussi extérieurs. Initiales rejoue ainsi en son sein l'hospitalité essentielle et féconde des écoles d'art et s'adresse aussi bien au champ de l'art contemporain et de la création d'aujourd'hui qu'au monde de l'enseignement et de la recherche – et plus largement à toute personne curieuse des opérations à l'œuvre dans la création, la pensée et la culture.
Directeur de la publication et de la rédaction : Emmanuel Tibloux ; rédactrice en chef : Claire Moulène.
Producteur, réalisateur et scénariste pour la radio et la télévision, Jean-Christophe Averty (1928-2017) est considéré comme l'un des précurseurs de l'art vidéo en France. À partir des années 1960, il n'aura de cesse d'explorer les possibles du médium télévisuel à travers ses productions fortement empruntes de l'esprit « 'pataphysique », qu'il s'agisse de mettre en scènes les vedettes populaires de l'époque ou d'adapter Jarry, Roussel, Tzara, Verne...