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Une série d'images réalisée au fil des cours d'eau par la photographe française basée en Suisse, à la rencontre des pêcheurs et des poissons du canton de Fribourg : une enquête donnant naissance à un conte visuel fondé sur les réalités liées à la pêche en rivière, entre hier et aujourd'hui, à travers des questions liées à l'aménagement du territoire, l'agriculture, l'environnement, l'écologie et la dimension spirituelle de la pratique de la pêche.
Cécile Monnier a parcouru les abords des rivières du canton de Fribourg en s'appuyant sur la figure du pêcheur, comme sur un guide ou un passeur. Elle en ramène des images noir et blanc contrastées, aux détails foisonnants, aux narrations retenues. Celles-ci participent d'un monde où la vision humaine n'est pas au service d'une description organisée du réel, mais plutôt incorporée dans un paysage où réalisme et magie ne font qu'un. L'utilisation d'une chambre technique, l'errance au contact de sols glissants, accentuent l'engagement du corps photographiant dans le terrain. Dans Des nuits sans silence, l'acte de la prise de vue est une expérience de l'être avec, contre la distance objectivante des faits. Dans sa quête intuitive, la photographe mobilise la perception à la rencontre de ce qui arrive. Elle s'enfonce dans les régions, traverse des atmosphères qu'elle rend dans leurs détails plus ou moins abstraits. Ses plongées exploratoires sont orientées par une enquête au sujet de l'impact humain sur l'environnement des rivières du canton. Mais les images qui en résultent se refusent à nourrir de manière trop directe les grands récits des infrastructures et de la pollution. Un usage assumé fait de la photographie une pratique refuge: une possible existence intime avec le monde, qui se protège du regard dominant. La pêche partage avec la photographie le réseau sémantique de la prise, de la capture, la dimension poétique de la quête et le plaisir de l'exploration du paysage. Ce choix thématique n'est pas anodin. Il permet à l'artiste de filer une métaphore à partir de la photographie, instrument complice de l'idée moderne d'une nature dont on dispose. Préférant l'embarqué, la polyphonie du commun et la dimension imaginaire du récit, l'artiste nous invite à considérer la rivière non pas comme un objet fini maîtrisable, mais comme un milieu fuyant en transformation.
Nicolas Brulhart
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à Fri-Art, Fribourg, en 2022.
Photographe indépendante, Cécile Monnier (née en 1982, vit et travaille à Lausanne) est titulaire d'un Bachelor en sociologie, d'un CFC de photographe et d'un diplôme de formation supérieure de Designer en communication visuelle (spécialisation photographie) au Centre d'enseignement professionnel de Vevey. Active dans la photographie d'architecture et artistique, elle donne régulièrement des cours à la HEAD de Genève depuis 2019. Elle expose à l'international, tant dans sa France natale qu'en Suisse, notamment à Vevey, Martigny, Zurich et Bâle. Son travail a également été salué dans le cadre du « Young Talent Award for Photography 2020 », lors duquel elle a obtenu le Prix VFG 2020.