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La collection du musée d'Art et d'Histoire de la Ville de Genève revisitée par les interventions scénographiques transversales de la plasticienne et performeuse viennoise Jakob Lena Knebl, qui chamboule les perspectives et renouvelle radicalement le regard sur les œuvres.
Pour la première fois de son histoire, le musée d'Art et d'Histoire a donné la carte blanche à une artiste pour revisiter sa collection. Férue de design et de mode, la plasticienne et performeuse viennoise Jakob Lena Knebl a eu le champ libre pour concocter une série d'interventions scénographiques incluant des objets provenant de tous les domaines et de toutes les époques. Une Vénus au bain antique se retrouve ainsi dans une cabine de douche moderne, des souliers en satin du XVIIIe siècle circulent sur un tapis roulant proposant habituellement des sushis, des lustres sont entassés dans leurs caisses de transport… Grâce à ces mises en scènes originales et ces perspectives chamboulées, le regard sur la collection est renouvelé.
Intitulée Marcher sur l'eau, cette exposition doit son nom à une double-référence artistique lémanique, La Pêche Miraculeuse de Konrad Witz et Smoke on the Water de Deep Purple. Tandis que le tableau datant de 1444 montre Jésus marcher sur l'eau dans la rade de Genève, la chanson évoque l'incendie du casino de Montreux en 1971. Ce carambolage entre haute et basse culture, comme Knebl les affectionne tant, se retrouve dans son travail mené au MAH.
Le catalogue Marcher sur l'eau est à l'image de l'œuvre humoristique et volontiers provocateur de l'artiste : soucieux d'atteindre tous les publics, en particulier celui qui ne fréquente pas habituellement les musées, l'ouvrage mêle entretiens, essais et notices d'œuvres, des références à Deep Purple, une nouvelle de Jorge Luis Borges inspirée par H.P. Lovecraft et reproduite en intégralité, ainsi que l'interview d'un champion de barefoot genevois. Aux images d'œuvres et aux clichés documentaires, s'ajoutent les prises de vues des interventions de Knebl dans les salles. Marcher sur l'eau se distingue des catalogues d'exposition classiques également sur la forme, grâce au graphisme original proposé par le studio zurichois Hubertus Design. Dépourvu de couverture, jouant sur les apparences, ce livre est le premier d'une série d'ouvrages qui accompagneront chacune de ces expositions « carte blanche » du MAH.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme au musée d'Art et d'Histoire de la Ville de Genève du 28 janvier au 27 juin 2021.
Née en 1970 à Baden, Jakob Lena Knebl vit et travaille à Vienne. Elle entreprend des études à l'âge de 30 ans, suivant le cours de styliste/designer de mode de Ralph Simmons à l'université d'arts appliqués de Vienne, ainsi que de sculpture textuelle avec Heimo Zobernig à l'Académie des beaux-arts de Vienne. Baptisée Martina Egger, elle a construit son pseudonyme à partir des prénoms respectifs et du nom de famille de ses grands-parents maternels.
Depuis 2009, elle enchaîne les expositions monographiques et de groupe dans les musées et galeries à travers le monde, principalement en Autriche (Lentos Museum, Linz ; Galerie Kargl, Vienne ; Mumok, Vienne), en France (Galerie Loevenbruck, Paris ; Biennale de Lyon), au Royaume-Uni (Belmazc Gallery), en Suisse (Kunsthaus Zurich) et en Allemagne (Kunstverein Hamburg), ainsi qu'aux États-Unis, en Pologne et en Turquie.
Professeure invitée à l'Université des arts de Linz, elle multiplie les prix dans son pays et enseigne également à l'Académie des arts de Vienne dont elle est membre en qualité de senior artist.
En 2022, elle représente l'Autriche à la Biennale de Venise aux côtés de sa complice Ashley Hans Scheirl.
Edité par Marc-Olivier Wahler.
Textes de Marc-Olivier Wahler, Jorge Luis Borgès, Christophe Kihm, Jakob Lena Knebl, Maureen Marozeau, Laurent Albisati, Samuel Gross.
