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Cette nouvelle monographie de la photographe française rassemble 42 photographies prises entre 2011 et 2014 durant la fête juive de Pourim dans le quartier de Stamford Hill à Londres.
Les photographies d'Estelle Hanania immortalisent des enfants en costumes fait-main, reflétant l'influence d'une histoire culturelle commune ainsi que l'identité visuelle de leur quartier (un mur de briques, une porte verrouillée, un trottoir). Nous retrouvons au sein de cette série les motifs d'intérêts de la photographe parisienne, notamment sa fascination pour les costumes, masques et défilés. Pour citer Delphine Horvilleur, femme rabbin qui signe un texte en fin d'ouvrage : « Pourim a la réputation d'être une fête destinée aux enfants. En outre, ce sont des enfants qui constituent le sujet même de ces photos, bien qu'à mon sens Pourim soit une fête pour adultes. D'une certaine façon, les enfants agissent comme un voile, un « masque » – dans tous les sens du terme – maquillant cette fête pour mieux en dissimuler la complexe signification, à savoir la question de l'apparence et de la vérité intérieure. En ce jour, nous lisons un texte appelé la Méguila d'Esther, dont le contenu doit pratiquement être censuré pour les personnes mineures. »
Us et coutumes : l'originalité du travail photographique d'Estelle
Hanania (née en 1980, vit et travaille à Paris) réside dans le fait qu'elle s'intéresse aux rites vernaculaires
en Europe comme au Japon, sans chercher, à l'inverse de
l'anthropologue ou du documentariste pur et dur, à en déceler le
mystère.
Une procession de géants dans un champs, un magicien sur un
parking, une grotte organique... Les ombres d'une identité singulière
se détachent d'un cadre pourtant non exotique, se révélant comme
une hallucination.
Diplomée des Beaux-Arts de Paris puis photographe primée au
Festival de photographie de Hyères, Estelle Hanania n'a pas peur de
la beauté, de l'esthétique pure, de l'étoffe ni du masque.
Pour autant elle n'est nullement dupée par les artifices du
déguisement, se tenant à une distance humaine, dans la lumière
naturelle, en silence.
Ses photographies représentent des portraits et des paysages
d'hommes devenus bêtes ou végétaux, d'un maître de marionnettes
englouti par ses poupées ; autant de figures chimériques incarnées
dans un absurde contemporain. Au second plan apparait ainsi une
voiture, une route, un parking ; des infrastructures banales qui
signifient qu'il ne s'agit pas vraiment de lieux spectaculaires, mais de
rituels extraordinaires nécessaires dans une communauté ordinaire,
d'un présent en syncope, imbriqué dans le réel comme un lychen
étrange sur un mur de béton.