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Trois séries photographiques réalisées au sténopé par l'artiste vénitienne qui explore les interactions possibles entre les langages artistiques et scientifiques.
Le point de départ du travail de Mariateresa Sartori est la réalité des choses telle qu'on la perçoit avec nos sens, de façon empirique. Pour ce projet, déployé dans le cadre d'une résidence à la Fondation Camargo, Cassis, et d'une exposition au CAIRN, Digne-les-Bains, entre 2016 et 2018, l'artiste enquête sur l'effort humain de compréhension, dans le sens de « prendre avec », les intégrer à son intimité.
Pour s'approprier ce monde qui nous échappe, un des moyens employés par Mariateresa est la photo sténopé. Il s'agit d'un dispositif rudimentaire, basé sur le principe de la camera oscura, capable d'imprimer sur le papier photosensible un instant précis, un instant non reproductible. Dans l'image capturée, qui est la somme de tout ce qui s'est passé dans un certain laps de temps, les variations possibles sont innombrables, car pendant le temps d'exposition, le vent se lève, les nuages passent, l'inclinaison de la lumière change. Classées sous vitrine, selon la nomenclature attribuée par la botanique, ses photos sténopés ont été réalisées dans le laboratoire de l'école de Beaux-Arts à Digne-les-Bains, à partir des feuilles récoltées par l'artiste lors de balades autour de la ville.
Cet ensemble s'accompagne de deux autres séries, dédiées aux plantes et aux nuages. Réalisées précédemment lors d'une résidence à la Fondation Camargo (Cassis), ces images interrogent cette tension entre la volonté de saisir les phénomènes naturels et leur caractère volatile, éphémère et poétique. Dans une deuxième expérimentation, Mariateresa prend appui sur les sons enregistrés au cours des ses balades à la lisière de la ville. Des bandes sonores décomposées et transcrites sous forme de dessins constituent des séquences graphiques qui parlent du mécanisme de la perception. L'artiste devient instrument de transcription d'un langage à l'autre. Mariateresa Sartori traduit aussi graphiquement les sons des vagues de la mer en saisissant leur rythme et ses variations par le dessin.
À travers des processus simples et immédiats (l'artiste traduit aussi graphiquement les sons des vagues de la mer en saisissant leur rythme et ses variations par le dessin), Mariateresa Sartori compose une partition visuelle des phénomènes physiques. Elle cherche à donner une lecture du paysage traversé, capté par ses sens à un moment donné.
Mariateresa Sartori (née en 1961 à Venise, où elle vit et travaille) est diplômée en études allemandes avec une thèse sur Freud et la psychologie de l'art. Ses recherches s'articulent autour de trois axes thématiques : la méthode scientifique empirique ; les dynamiques comportementales, souvent en relation avec les neurosciences ; la musique et le son en relation avec le langage. Selon le projet qu'elle entreprend, Mariateresa Sartori utilise différents médiums allant du dessin – pour des œuvres de petite taille ou de taille murale – à la photographie à l'aide de sténopés, en passant par la vidéo et les enregistrements sonores. Cette variété d'approches n'est qu'apparente et révèle la cohérence d'une approche soutenue par des schémas d'action récurrents et l'unité polymorphe d'une œuvre qui, à travers des projets et des dispositifs singuliers, enquête, confirme et réinvente sa relation sous-jacente au monde.