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Avec ce qu'il resterait à direSur une figurine d'Alberto Giacometti

Anne Maurel - Avec ce qu\'il resterait à dire
Ce récit narre la création de la Figurine sur socle, une sculpture d'Alberto Giacometti réalisée en temps de guerre en souvenir d'Isabel Nicholas, artiste et modèle qui hante les pensées de l'artiste. Quatre photographies d'Eli Lotar ouvrent le texte d'Anne Maurel.
« Dans le coin du mur, entre la fenêtre et le lavabo, une araignée géante a tissé sa toile. Sans doute une tégénaire domestique, de l'espèce des bâtisseuses. Elle a choisi l'angle le plus humide où le plâtre s'effrite. Il a ouvert grand la fenêtre, un souffle d'air est entré dans la chambre, a soulevé le rideau, sa nappe n'a pas bougé. Des débris poudreux, de menues ruines tombées du mur sont pris dans les fils de sa soie. Ténue, fine, si fine, et tendue. Un miracle d'équilibre. »

Un soir de 1935 au Dôme, Alberto Giacometti fut attiré par la beauté d'une femme longue et mince. Elle lui faisait face quand il entra dans le café. Elle avait levé la tête, peut-être parce qu'elle s'était sentie regardée. Elle revint les jours suivants. Lui la regardait comme il l'avait regardée le premier soir, intensément et à distance. Il se passa une semaine avant qu'il osât l'aborder. À Genève pendant la guerre, le souvenir d'Isabel hante Giacometti.
Ce récit raconte l'invention dans une chambre d'hôtel transformée en atelier de la Figurine sur socle, un plâtre de trois centimètres. « La figure c'est vous » lui écrit-il en 1945. Elle m'a, dès que je l'ai vue, attirée dans son espace, transportée sur une scène où j'étais la chambre, le sculpteur et l'apparition. L'étendue et la figure. Rien n'eût été possible sans la découverte de photographies d'Alberto Giacometti modelant à l'hôtel de Rive : douze clichés d'Éli Lotar. Je n'ai pas écrit avec ces vues sous les yeux, mais avec leur souvenir, liant l'espace de la chambre à des paysages souvent évoqués dans les Écrits, des lieux où, quand le jour se lève, l'écart entre les êtres, entre les choses, grandit.
Anne Maurel
Anne Maurel a enseigné la littérature en Seine-Saint-Denis puis à Paris au lycée Henri-IV. Elle a publié La Critique aux éditions Hachette en 1994 et l'anthologie Le Pays intérieur. Voyage au centre du Moi (1770-1936) chez Robert Laffont en 2008. Elle est membre du comité de rédaction de la revue Hippocampe.
 
paru en novembre 2016
édition française
14 x 21 cm (broché)
104 pages (ill.)
 
13.00
 
ISBN : 978-2-9552376-6-3
EAN : 9782955237663
 
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