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Conçue par le duo de graphistes suisses Flag, cette monographie rétrospective offre une vue d'ensemble des expérimentations plastiques et sonores menées par l'artiste musicien depuis une quinzaine d'années avec un large éventail de techniques et sur un grand nombre de supports (dessin au pistolet à colle ou au noir de fumée, peinture murale, sur bois, pages de magazines « dépeintes » au solvant, papier brulé, photographies et collages numériques, sculptures sur aluminium, paraffine, films d'animation...). Avec un essai critique de Julie Ramos, un entretien avec Christine Macel et un texte de David Sanson.
FORMA, « la première image » — Le goût
de Rainier Lericolais pour l'expérimentation
technique et esthétique, pour des jeux
avec les mots des titres, se conjugue à une
volonté perpétuelle de faire apparaître de
nouvelles images. Ouverte, l'œuvre est à la
fois fondée sur une technique traditionnelle
et traversée de références à l'histoire
de l'art, du cinéma ou de la musique. Elle
demeure
également soumise à un hasard
« conditionnel » corollaire au procédé technique
choisi. Enfin, si comme le souligne
Julie Ramos dans cet ouvrage, « l'art de la
dissimulation
du médium » atteint ici son
apogée, c'est que le résultat obtenu – notamment
par contact – prend toujours pour
point de départ une image « mentale ».
L'exposition de Rainier Lericolais au centre
d'Art contemporain du domaine départemental
de Chamarande relate une histoire
de ces procédés « ouverts à l'imprévisible » et offre au visiteur la possibilité d'en goûter
toutes les qualités plastiques. À l'instar du
« cabinet curieux » et d'un premier film d'animation,
quelques dispositifs plus personnels
ouvrent aussi une fenêtre sur le champ
de ses propres sources d'inspiration.
L'idée d'un livre qui ferait le point sur un
travail engagé depuis plus de quinze ans
est née de cette expérience de l'exposition.
La qualité des textes et des images de cet
ouvrage souscrit à une volonté de rendre
au travail de Rainier Lericolais la place qu'il
occupe dans l'art d'aujourd'hui.
Judith Quentel
Publié suite à l'exposition de Rainier Lericolais au domaine de Chamarande, d'octobre 2010 à février 2011.
Plasticien et musicien, Rainier Lericolais (né en 1970 à Chateauroux) vit et travaille à Paris.
Protéiforme, son travail explore principalement les liens entre arts plastiques et musique mais s'exprime dans des œuvres avant tout graphiques, élégantes et précaires.
Lericolais emprunte à la musique la technique du « sampling », mixant et re-combinant les formes et les images à l'infini, au gré de ses influences et de ses rencontres.
Il puise par ailleurs son inspiration dans une (contre-)culture musicale encyclopédique et dans une approche de la littérature, de l'art et du cinéma à la fois curieuse et éclectique.
Lericolais
sert un projet rigoureux où se croisent des expérimentations de médiums très divers. On découvre ainsi des dessins réalisés au pistolet à colle, des images de magazines « dépeintes » (imprimées puis « retouchées » avec de l'eau ou du trichloréthylène), des oscillogrammes découpés au cutter dans du carton, des photographies prises d'un écran de télévision au moment où celui-ci s'éteint ou encore des images réalisées à partir du reflet piégé de la lumière d'un scanner.
Dans cette démarche d'expérimentation lucide et construite, le hasard n'est bien sûr pas étranger. En témoignent les dessins et gravures réalisés par « contact » (frottages, grattages) ou les recherches « improbables » qui permettent à Rainier Lericolais de tester la matière, notamment avec un bronze réalisé à partir de paraffine solidifiée dans le mouvement de l'eau avant d'être moulée.
Enfin, ce que l'artiste nomme lui-même les « petites solutions » sont des procédés qu'il invente ou éprouve avec ingéniosité, et qui assurent à l'ensemble de son œuvre une indéniable cohérence.
La discographie de Rainier Lericolais compte plus de 100 références. Il a collaboré avec des artistes aussi divers que Simon Fisher Turner, Stephan Eicher ou Sylvain Chauveau.