les presses du réel

Abductions – Treize essais sur des œuvres du temps présentsuivi de L'œuvre et son interprétant

extrait
Préface (extrait), pp. 9-11 (©Mamco)

Les essais réunis dans le présent volume ont été écrits pour des catalogues, à la demande de conservateurs de musées, de directeurs de centres d'art ou de fonds régionaux d'art contemporain, voire directement d'artistes. Ils n'auraient pu voir le jour sans la confiance que ces derniers m'ont accordée : ils ont accepté de m'ouvrir leurs archives et m'ont communiqué des documents qui en l'absence de leur aide me seraient demeurés inaccessibles, ils ont répondu à mes questions. Aucun de ces essais n'est directement promotionnel, tous ces artistes étant connus et défendus par d'autres, et je n'ai jamais écrit sur leur oeuvre qu'au terme d'une longue fréquentation. Ce commerce enrichissant débuta dans le cadre de mes activités d'organisateur d'expositions à l'ex-Maison de la culture de Chalon-sur-Saône (de 1977 à 1983), puis à la Villa Arson, à Nice (de 1986 à 1990). Les directeurs respectifs de ces deux institutions, Jean-Jacques Fouché et Christian Bernard, bons lecteurs et de culture littéraire, m'incitèrent à une écriture plus exigeante, qualité dont ma formation universitaire ne m'avait pas pleinement doté.

Il advint que mes préfaces critiques s'allongèrent et répondirent de moins en moins au genre en question : un temps plus long que de coutume leur fut consacré, et les commanditaires durent parfois endurer de les réceptionner en dehors de tout délai raisonnable. Ces essais finirent aussi par prendre un air de famille : l'enquête historique se fit minutieuse, les énoncés des artistes furent délibérément exploités et je parvins non sans mal à les organiser autour d'une intuition centrale. (Aux dettes directement liées au présent volume, il convient à ce sujet d'en ajouter deux autres, plus lointaines : l'analyse des énoncés et l'écoute de catégories de pensées étrangères me furent enseignées, durant mes études de philosophie à Grenoble, par notre professeur d'histoire de la pensée grecque, le regretté Henri Joly ; Serge Lemoine, avec qui je terminai ma licence d'histoire de l'art, me montra, quant à lui, l'exemple de la rigueur historiographique.) Une méthode s'élabora donc, empiriquement, que je finis par théoriser a posteriori. On en lira l'exposé, qui me fut commandé par Roland Recht pour la Revue de l'Art, ici même en appendice. Jean-Marc Poinsot, en m'incitant à soutenir une thèse d'histoire de l'art, m'avait permis auparavant de prendre conscience de ce que les monographies, une bonne part de ce que j'avais commis en la matière, en constituaient comme la tâche aveugle. (Il en résulta un premier recueil de vingt-trois textes, revus pour l'occasion, qui bénéficièrent de la lecture attentive d'Andrzej Turowski, d'Éric de Chassey et de Daniel Soutif.)

Parmi plus d'une trentaine d'études monographiques plus volumineuses que les autres - consacrées par ordre de rédaction à Christian Boltanski, Anne et Patrick Poirier, Michel Verjux, Jacques Vieille, Richard Long, Jochen Gerz, Mario Merz, Bertrand Lavier, Didier Vermeiren, Niele Toroni, Sophie Taeuber, Cécile Bart, Hubert Duprat, Felice Varini, Philippe Cazal, Joachim Mogarra, John M. Armleder, Richard Fauguet, Gottfried Honegger, Günter Umberg, Yves Oppenheim, Daniel Schlier, Étienne Bossut, Laurent Pariente, Bernar Venet, Yan Pei-Ming, Daniel Buren, Daniel Spoerri, David Boeno, François Morellet, Peter Downsbrough, Patrick Saytour, Daniel Dezeuze -, il a fallu opérer un choix pour le présent ouvrage. Les artistes qui n'y figurent pas ne me sont pas moins chers. Ce best of ne prétend en effet, en aucune façon, faire liste ; certains textes avaient déjà été publiés dans des livres (Venet, Ming), d'autres étaient d'un genre fort différent (Long, Buren) ou reflétaient par trop mes tâtonnements : ils n'auraient pas permis, aussi bien que ceux qui ont été retenus, de soumettre aujourd'hui au jugement d'un public de lecteurs plus large le mode d'approche défendu dans « L'oeuvre et son interprétant ». A ces lecteurs, j'ai conscience de demander beaucoup, tant la monographie consacrée à l'oeuvre d'un artiste a besoin d'ordinaire des béquilles de l'illustration : ils devront faire l'effort de la convoquer dans leur mémoire ou la trouver dans les catalogues concernés.
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